Thursday, January 29, 2009

POSSESSION (1981)



Ca vous dirait de louer un film culte sur un couple qui n’en finit plus de se déchirer ? C’est ce que vous offre le film POSSESSION, réalisé en 1981 par Andrzej Zulawski afin d’exorciser quelques démons, lui qui à cette époque venait de vivre un divorce plutôt pénible.

Synopsis : Anna (Isabelle Adjani) quitte son mari Marc (Sam Neill) en lui laissant la garde de leur fils. Anéanti, Marc sombre dans une profonde dépression, puis fait enquête et découvre qu’Anna avait un amant (Heinz Bennent). Mais comme Anna montre des signes d’un déséquilibre grave, Marc poursuit son enquête et découvre que la vérité est beaucoup plus complexe (et horrible) qu’il ne l’avait imaginée …

Points forts : Le film s’illustre entre autres par le remarquable travail du directeur photo Bruno Nuytten qui illustre la folie des personnages par d’impressionnantes acrobaties de caméra. Il a aussi fait un travail magnifique sur la lumière du film qui est faite de différentes teintes de bleu. En fait le bleu est omniprésent dans le film (Yeux et vêtements des acteurs, tapis bleus, rideaux bleus, murs bleus, etc.), au point qu’on est en droit de se demander s’il n’y a pas là une quelconque symbolique ? (Je devrai ré-écouter l’excellent commentaire de Zulawski qui accompagne la version DVD de Anchor Bay pour vérifier !) Le jeu des acteurs est aussi à souligner, Adjani ayant reçu la Palme d’or d’interprétation féminine pour ce rôle double (puisqu’elle joue aussi le rôle d’une institutrice qui devient l’amie et l’amante de Marc), quoiqu’Heinz Bennent ne donne pas sa place non plus en amant arrogant et cocainomane complètement déjanté.



Citation : «Si je suis avec toi, c’est parce que tu dis «JE» pour moi !»





Quelques extraits en francais (s'cusez pour la qualite de l'image):




Friday, January 23, 2009

SERIES CULTES - AU-DELA DU REEL



Il y a des films cultes, il y a aussi des séries cultes (On pense tout de suite à des séries comme LES ROIS MAUDITS, DR WHO, LE PRISONNIER, THE X-FILES, SIX FEET UNDER, etc.).

Au Québec, toute une génération de jeunes téléspectateurs aujourd'hui âgés de plus de 40 ans ont été traumatisés par la présentation, dans les années 60 et 70, de la version française de la série d'anthologie de science-fiction THE OUTER LIMITS (en français AU-DELÀ DU RÉEL). Le passage des années et la révolution DVD permettent aujourd'hui à de nouvelles générations de découvrir cette série exceptionnelle maintenant offerte un peu partout en trois coffrets au prix très abordable.

Format : La série comporte 49 épisodes, rassemblés en trois coffrets distincts, soit 2 coffrets contenant chacun 16 episodes de la première saison (la meilleure, à voir absolument) et le coffret de la seconde saison (horrible, à éviter, à l'exception des épisodes DEMON WITH A GLASS HAND et SOLDIER écrits par Harlan Ellison et ayant inspiré le film THE TERMINATOR !).

Points forts : Ce qui rend la première saison si supérieure à la seconde, c'est la réunion exceptionnelle d'artisans talentueux qui, le temps de 32 épisodes, collaborèrent afin de créer 32 récits distincts partageant toutefois le même style visuel baroque et cauchemardesque. On compte parmi ces artisans le producteur/scénariste Joseph Stefano (qui avait écrit le scénario du PSYCHO de Hitchcock et qui scénarisa les meilleurs épisodes de la série), le compositeur Dominic Frontiere et le directeur photo Conrad Hall, qui en était alors à ses débuts mais qui allait par la suite connaître une brillante carrière moult fois récompensée (Il remporta un oscar pour ROAD TO PERDITION, AMERICAN BEAUTY et BUTCH CASSIDY AND THE SUNDANCE KID). Dans AU-DELA DU RÉEL, Hall exploite avec virtuosité toutes les possibilités du médium noir et blanc dans des compositions expressionnistes des plus évocatrices (voir l'extrait ci-dessous) mises au service de récits fantastiques abordant des thèmes comme l'évolution de l'homme (dans le classique épisode THE SIXTH FINGER que l'on peut voir au complet sur YOUTUBE), la menace nucléaire (dans IT CRAWLED OUT OF THE WOODWORK) et le suicide collectif (dans A FEASIBILITY STUDY), pour ne nommer que ceux-là.

Série culte (pour moi) pour des raisons nostalgiques, bien sûr ! Mais aussi parce que c'est certainement l'une des seules séries de l'époque qui se regarde encore très bien aujourd'hui (même si, bien sûr, certains effets spéciaux ont plutôt mal vieilli). Il est même parfois étonnant de constater à quel point cette série d'anticipation pouvait être perspicace pour l'époque. Par exemple, dans l'épisode O.B.I.T («L'espion robot» en français) tourné en 1963, on nous met en garde contre l'omniprésence des machines dans notre société («Les machines sont un peu partout !») et ce, 40 ans avant l'arrivée des ordinateurs personnels, des téléphones cellulaires et des blackberry ! Ce même épisode raconte comment un ensemble de machines permettant de surveiller qui que ce soit à son insu (à la FACEBOOK !) a vite fait de semer un climat d'angoisse et de paranoia au sein de toute communauté qui en accepte la présence. Dans la superbe scène finale (extrait ci-dessous), véritable orgie de plongées, de contre-plongées et d'éclairages originaux typiques de la série, un extra-terrestre nous révèle que notre «impulsion à vouloir tout connaître des pensées et des désirs de ceux qui nous entourent, de nos familles ou de nos voisins, de tout le monde sauf de nous même» nous rend particulièrement vulnérables à une menace provenant de l'extérieur. Paroles d'une grande pertinence en cette époque post 11 septembre où l'Internet et la télé-réalité semblent constamment occuper nos esprits ...


Séquence finale de O.B.I.T en français (s'cusez pour la qualité sonore):



Citation : «Les machines sont un peu partout ! Vous les trouverez toutes, vous êtes un peuple zélé et vous clamerez à grands cris que vous en avez détruit le plus grand nombre, mais pour une machine que vous détruirez des centaines d'autres seront fabriquées ! Et elles vous démoraliseront ! Elles briseront vos esprits et créeront de la tension dans votre société et des troubles impossibles à réparer ! Vous êtes une planète sauvage, sans histoire ! Et quand nous viendrons y vivre, votre épave démoralisée, abandonnée par vous tombera entre nos mains sans le moindre combat ! ... Vous êtes tous victimes des mêmes impulsions, vous insistez pour tout connaître des pensées et des désirs de ceux qui vous entourent, de vos familles ou de vos voisins, de tout le monde sauf de vous-mêmes ...»

Même séquence, en version originale anglaise (OOPS ! Mise à jour 2011 : La séquence a été retirée par MGM ! ;(

Friday, January 16, 2009

THE HIRED HAND (1971)



Un Western existentialiste, ça vous dirait ?

Après le succès inattendu du film de la contre-culture EASY RIDER (1969), Universal donna carte blanche (et Final Cut) à Peter Fonda pour son prochain film. Il en surprit plus d’un en choisissant de tourner THE HIRED HAND (1971), un Western au rythme très Zen et magnifiquement filmé par le caméraman Vilmos Zsigmond. Le film n’est pas unique en son genre, toutefois, car plusieurs westerns minimalistes aux thèmes existentialistes avaient déjà été tournés à cette époque, notamment par le légendaire Monte Hellman qui réalisa le très laconique RIDE THE WHIRLWIND en 1965 (écrit et interprété par Jack Nicholson, et figurant parmi les films favoris de Tarantino), de même que l’énigmatique THE SHOOTING (1967). Tous ces westerns sont devenus depuis des films cultes.

Synopsis : Après un long séjour loin de sa femme Hannah (Verna Bloom) et de sa ferme, Harry Collins (Peter Fonda) revient chez-lui accompagné de son ami Arch (Warren Oates), mais pas pour longtemps … Il doit régler une vieille histoire.

Points forts : Le rythme du film est lent et statique, rappelant un peu les films de Terrence Malick (BADLANDS, THIN RED LINE) ou le récent THE ASSASINATION OF JESSE JAMES BY THE COWARD ROBERT FORD (à déconseiller donc aux amateurs de sensations fortes). On pourrait presque parler ici d’un Western naturaliste, filmé comme une suite de tableaux reliés entre eux par de nombreux fondus enchaînés. Fonda a de plus souvent recours à des effets de ralentis un peu démodés qui, à la longue, pourraient facilement venir à bout du spectateur le plus patient. Reste l’intrigue, un peu mince, et la présence du toujours captivant Warren Oates, acteur culte par excellence …
Le film est accompagné d’une excellente trame sonore composée par Bruce Langhorne. Jugez-en vous même, en écoutant l'extrait ci-dessous, qui comprend le thème du début et de la fin du film (le deuxième thème débutant à 3:40 ) :






Citation:
Hannah: - Why did he come back ?
Arch: - He just got tired of drifting around
Hannah : - He'll leave again ... It's only a matter of time ...
Arch : - Most things are, M'am


Bande-annonce du western existentialiste THE SHOOTING (1967) de Monte Hellman, dont l'ambiance (et la finale) ne sont pas sans rappeler le film GERRY (2003) de Gus Van Sant.

Monday, January 12, 2009

LA COLLINE DES HOMMES PERDUS (1965)




L’intérêt dans un site FRANCOPHONE consacré au cinéma, c’est de pouvoir par exemple louanger la version FRANÇAISE d’un film ! Ce qui est le cas pour un de mes films cultes récemment sorti en DVD appelé THE HILL (en français LA COLLINE DES HOMMES PERDUS). Réalisé par Sydney Lumet et mettant en vedette une brochette d’excellents acteurs britanniques (Sean connery, Harry Andrews, Ian Hendry), voilà un film qu’il vaut mieux regarder dans sa version française tellement la qualité sonore de la version originale anglaise est mauvaise ! (Sans parler des accents britanniques et irlandais qui sont déjà passablement difficiles à comprendre, surtout dans un film aussi théâtral où les dialogues sont d’une importance cruciale).

Synopsis : Durant la Deuxième Guerre mondiale, cinq prisonniers de guerre sont envoyés dans un camp disciplinaire dans le nord de l’Afrique et font face à un sous officier sadique qui s’acharne sur eux (Ian Hendry).

Points forts : Tout comme dans son film précédent (Twelve Angry Men – Douze hommes en colère), Lumet expose tranquillement les points faibles de ses protagonistes et monte la tension jusqu'au dénouement final, qui est sans doute l’une des scènes les plus pessimistes et déprimantes de l’histoire du cinéma …

Film culte (pour moi) parce que j'aime le long plan séquence d’ouverture (La caméra part d’un plan d’un soldat au sommet de la colline, le suit lorsqu’il s’écroule sur le dos, puis recule, donne un aperçu du camp, passe MIRACULEUSEMENT au-dessus du mur entourant le camp et continue de reculer … ), j’aime la façon dont le sadique Sergent-Chef Williams est filmé (sa casquette lui cachant constamment les yeux, il ne devient plus littéralement qu’une grande gueule jappant des ordres), et, bien que ce soit dans ce cas-ci la pire chose à faire pour les protagonistes, j’aime voir une ordure recevoir le traitement qu’il mérite à la toute fin du film !! :-) En fait, à chaque visionnement, je suis étonné de constater à quel point ce film, qui ne comporte aucune trame musicale, qui n'est pas toujours bien filmé, qui est même plutôt bavard, réussit, dans sa dernière demi-heure, à atteindre un degré de tension dramatique quasi insoutenable par la seule force de ses dialogues, du jeu des acteurs et de la mise en scène de Lumet. Une belle leçon de cinéma. Voyez vous-même en visionnant les NOMBREUX extraits sur YOUTUBE (le film s'y trouve AU COMPLET en plusieurs tranches dans sa version anglaise) , dont la stupéfiante scène finale ci-dessous *SPOILERS* Vaut toutefois mieux voir le film au complet, bien sûr, afin d'en apprécier le plein impact ...

Magnifique plan séquence d'ouverture ...




Le Sgt-chef Williams se retrouve seul ... L'heure de la vengeance a sonné (à 7:00) ...



Même scène, version française post-synchronisée par des voix cultes du doublage, dont celle des comédiens Jean-Claude Michel (voix de Sean Connery), Jacques Thébault (doublant ici Ian Hendry dans le role du Sgt-Chef Williams) et Marc Cassot (doublant Ian Bannen dans le rôle du Sgt-chef Harris) :



Citation: Sergent-Chef Williams : «Vous vous êtes bien amusés tout à l’heure avec l’adjudant ! Dorénavant, c’est moi qui serai chargé de vous distraire. Je veux que vous sachiez ceci : Je n’ai jamais vu d’aussi sales gueules que les vôtres !»