Tuesday, June 30, 2009

THE HONEYMOON KILLERS (1969)



" C’est ce qui est fantastique quand on est un cinéaste amateur : on peut travailler de l’intérieur. Rien ni personne n’est là pour vous dire comment faire un film. On n’a pas de modèle à suivre, on ne fait pas partie de la machine. J’ai fait ce film comme je le voulais … Comme je le voyais ..." Leonard Kastle

THE HONEYMOON KILLERS (1969)

Synopsis : Filmé en noir et blanc dans un style pseudo-documentaire, le film relate l’histoire bien réelle d’un couple que la presse de 1949 avait baptisé les Honeymoon Killers (de leurs vrais noms Martha Beck et Ray Fernandez). Ceux-ci se faisaient passer pour frère et sœur et arnaquaient des femmes seules que Ray rencontrait par le biais des petites annonces dans les journaux, pour ensuite les assassiner.

DVD : Le film a récemment fait l’objet d’une superbe ré-édition grâce à ces découvreurs de chefs-d’œuvre oubliés que sont les cinéphiles de la compagnie Criterion. Le menu du DVD est présenté de façon fort originale, les options apparaissant au sein de reproductions de petites annonces de l’époque. On y retrouve entre autres une courte mais fascinante entrevue avec le réalisateur du film, Leonard Kastle, dont HONEYMOON KILLERS fut le seul et unique film. L’entrevue permet de comprendre un peu pourquoi cet homme talentueux et passionné, qui a réalisé un film louangé par la critique (même François Truffaut en parlait comme un de ses films américains favoris), n’en a pourtant jamais fait d’autres ...

Historique : L’entrevue avec Leonard Kastle constitue un véritable cours de Guerilla filmmaking qui donnerait à tout cinéaste amateur l’envie de prendre une caméra et de tourner son propre film. Kastle est en fait un chef d’orchestre et compositeur d’opéra qui, en 1969, n’avait JAMAIS tourné un film de sa vie ! Un ami à lui (le producteur de TV Warren Steibel) lui demanda de faire de la recherche sur la fameuse histoire des Honeymoon Killers dans l’espoir d'en faire un film qui serait plus réaliste que le récent BONNIE AND CLYDE (film qui, selon lui, glorifiait les criminels de façon beaucoup trop Hollywoodienne). Ne bénéficiant que d’un budget de $150 000 (" des pinottes !" comme le dit Kastle) et ne pouvant donc se payer un vrai scénariste, Steibel demanda à Kastle d’écrire lui-même le scénario du film. " Je n’avais JAMAIS écrit de scénario de ma vie " raconte Kastle en riant. Steibel lui procure alors les scénarios de films bien connus de Fellini et de Truffaut et lui dit : " Tiens ! T’as qu’à faire comme eux !". Kastle s’exécute. Ne reste plus qu’à trouver un réalisateur, qui sera nul autre que le jeune Martin Scorsese ! Celui-ci accepte. Mais dès le début du tournage, la tension monte. Kastle raconte que Scorsese " voulait tout tourner en plans séquences et prenait beaucoup trop de temps (et d’argent !) pour fignoler ses plans ". Résultat : Scorsese est renvoyé et Kastle, qui, je le répète, n’avait jamais tourné un film de sa vie, devient réalisateur ! Kastle en parle aujourd’hui de façon assez philosophe : "Bah ! Mon scénario était très détaillé visuellement, et je savais exactement ce que je voulais ... Et puis, qu’est-ce qu’on s’en fout de la beauté des images ou de la technique, ce qui compte c’est l’histoire et la qualité de l’interprétation !"

Bien sages paroles ...

Points forts : Le miracle du film HONEYMOON KILLERS tient justement du fait que la facture un peu mal foutue de la réalisation (qualité sonore pas toujours optimale, utilisation pas toujours heureuse de la lumière ambiante, mauvais raccords, etc.) AJOUTE au réalisme de l'ensemble et donne vraiment l'impression d'assister à un documentaire au sujet d'événements horribles mais bien réels. Ce climat intimiste (" donnant l'impression de regarder par le trou d'une serrure" comme disait le scénariste Abby Mann, grand admirateur du film), combiné à la qualité de l'interprétation (superbes performances de Shirley Stoler et Tony LoBianco), donne des scènes d'un réalisme à la limite du supportable. Kastle n'utilise comme accompagnement musical que des extraits de la 6ième symphonie de Mahler.



Autre extrait ici

Film culte (pour moi) ... Parce que HONEYMOON KILLERS est l'exemple parfait de ce que peut accomplir un réalisateur novice mais talentueux qui parvient à transcender un budget famélique pour laisser sa marque en réalisant l'un des grands classiques du cinéma indépendant. On pourrait en dire autant de films comme NIGHT OF THE LIVING DEAD de George Romero, THX-1138 de George Lucas, MULTIPLE MANIACS de John Waters ou RESERVOIR DOGS de Tarantino, à la différence près que ces films ont permis de lancer la carrière prolifique de leurs réalisateurs, ce qui ne fut pas le cas de Leonard Kastle. Il aura été l'homme d'un seul film ... Mais quel film !

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