Friday, August 14, 2009

RESRVOIR DOGS (1992)



Il faut en général des années avant qu’un film obscur n’atteigne tranquillement le statut de film culte, souvent grâce au bouche à oreille qui permet parfois à un film ignoré lors de sa sortie de rejoindre enfin un public d’inconditionnels (On pense à des titres comme KISS ME DEADLY (1955) ou SECONDS (1966), redécouverts des années après leur apparition originale). Dans le cas du Reservoir Dogs de Tarantino, le culte s’est manifesté presqu’instantanément !

RESERVOIR DOGS (1992)

Certes, le culte s’est probablement d’abord formé autour d’une petite clique de cinéphiles et de critiques ayant su décerner chez ce jeune réalisateur inconnu qu’était alors Tarantino des qualités rares de dialoguiste (la scène d’ouverture dans le resto) et de metteur en scène (scène géniale ou Orange (Tim Roth) raconte sa rencontre fictive avec des policiers dans des toilettes publiques). Cette dernière scène est celle qui, dans mon cas, m'a convaincu que ce réalisateur serait désormais à surveiller. Quelle étonnante virtuosité pour un " débutant " ! Sans parler de l’audace démontrée tant au niveau du contenu (scène de torture d’une violence inouie) que de la forme (récit raconté de façon non-chronologique, utilisation originale de la musique, etc. etc. ) Le bouche-à-oreille a fait le reste et le culte voué à Tarantino n’a cessé de s’accroître depuis ...

Et pourtant, il s’est trouvé à l’époque (et encore aujourd’hui) des détracteurs pour reprocher à Tarantino sa propension à piquer ses meilleures idées dans les films des autres. Accusation fondée ou non ?

Petite anecdote personnelle :

Au début des années 90s, je suis allé au New York Underground Festival (édition 1995) dont le directeur était un certain Todd Phillips, alors inconnu mais maintenant connu pour avoir réalisé THE HANGOVER 1 et 2.

Une fois sur place, je constatai que le programme du Festival annonçait la projection d'un court film de 10 minutes réalisé par un certain Mike White. Le film, intitulé WHO DO YOU THINK YOU'RE FOOLING, visait à démontrer que le film RESERVOIR DOGS de Tarantino comportait d'énormes emprunts à un film asiatique de Ringo Lam appelé CITY ON FIRE (1987), emprunts qui, selon White, frisaient le plagiat. RESERVOIR DOGS étant encore frais dans la mémoire du public, la présentation du film de White constituait un Scoop suffisant pour attirer l'attention des médias. Bizarrement, la direction du Festival choisit de tuer le Scoop dans l'oeuf en retirant le film de White du programme, jugeant que sa présentation privait le reste du festival de sa juste part de l'attention médiatique ! (Toute la controverse est bien résumée au début de l'extrait ci-dessous). White a récemment mis son film sur YOUTUBE (voir ici), de sorte que vous pouvez juger vous-même de la validité de sa thèse (la démonstration est assez stupéfiante à mon avis !).

Hé bien ! Qu’en dites-vous ?

Personnellement, je ne vois pas là grand mal. Certes, White prouve que Tarantino s’est effectivement approprié des éléments importants du film CITY ON FIRE, mais Tarantino a su (selon moi) transformer cette matière première pour l’améliorer et en faire une œuvre entièrement personnelle. Bref, il a pris un film d’action ordinaire et en a fait un classique ! Comme dirait Godard : " Ce n'est pas d'où vous prenez les choses - mais ou vous les amenez."

Apparemment insatisfait, White a répété l’exercice de dénonciation de façon beaucoup moins concluante avec PULP FICTION (ci-dessous) :




Avis personnel : Et puis après ? Je crois que ce monsieur (et tous les autres détracteurs de Tarantino) devraient lire et relire cette citation de Jim Jarmusch :

regle no. 5 : " Rien n'est Original. Volez à partir de n'importe où du moment que cela entre en résonance avec votre inspiration et nourri votre imagination. Dévorez les vieux films, les nouveaux, la musique, les livres, les peintures, les photos, les poèmes, les rêves, les conversations diverses, l'architecture, les ponts, les panneaux de signalisation, les arbres, les nuages, les plans d'eau, la lumière et les ombres. Ne sélectionnez que les choses à voler qui parlent directement à votre âme. Si vous faîtes cela, votre travail (et larcin) sera authentique.On ne peut pas mettre de prix sur l'authenticité, l'originalité quant a elle n'existe pas.Et ne vous embêtez pas à cacher le résultat de votre vol - Célébrez-le si vous vous le sentez. Dans tous les cas gardez à l'esprit ce que disait Jean-Luc Godard : Ce n'est pas d'où vous prenez les choses - mais ou vous les amenez."

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