Friday, January 29, 2010

LES VOIX CULTES

Dans l'article sur le culte de JERRY LEWIS (ici), j'ai affiché l'extrait suivant en précisant que le comédien qui faisait le doublage (particulièrement démentiel dans ce cas-ci) s'appelait Michel Roux :



Il est possible que cette voix vous ait semblé familière ? Pas étonnant, car pendant plus de 40 ans, Michel Roux a prêté sa voix bien distincte a de nombreux acteurs américains, dont Jack Nicholson dans EASY RIDER et Elvis Presley dans FUN IN ACAPULCO. Maitre du doublage de film, Michel Roux était d'abord et avant tout un comédien et metteur en scène bien connu en France. Le voici d'ailleurs sur les planches (l'homme de droite, en tuxedo) :



Ca vous rappelle quelqu'un, cette voix ? Cela devrait, surtout si vous avez deja vu un seul épisode de la série télé AMICALEMENT VOTRE (THE PERSUADERS). He oui, la voix de Roux etait celle de Tony Curtis :

Voir extrait d'AMICALEMENT VOTRE en cliquant ici.

Vous pouvez consulter la voxographie (liste des films auxquels il a prete sa voix) de Michel Roux ici.

Roux est décédé en 2007. On se souviendra surtout de sa performance vocale dans la peau de l'inspecteur Clouseau (Peter Sellers) dans la série des films de la PANTHÈRE ROSE :



Et ma préférée : sa version bien à lui (et meilleure que l'original, selon moi) de la voix du psychiatre Fritz Wolfgang Sigismund Fassbinder (Peter Sellers) dans QUOI DE NEUF PUSSYCAT ? (1965) : "Immonde amalgame de chair putride, putride, putride ..."



D'autres comédiens ont atteint le statut de voix culte au fil des années, les plus connus étant :

MARC DE GEORGI (Voix de Robert Redford dans TROIS JOURS DU CONDOR, Tony Musante dans L'INCIDENT(ci-dessous), etc.) Voxographie ici.



HENRY DJANIK (Voix de Telly Savalas dans KOJAK, Anthony Quinn, ...). Voxographie ici.

Montage de quelques-unes de ses performances ici.

... et une réplique mémorable d'Henry Djanik dans la version française de IT'S A MAD MAD MAD MAD WORLD (1963) :



Autres voix cultes :

Le comédien québécois (et fils d'Olivier Guimond) Richard Darbois, qui double souvent Harrison Ford (entre autres dans BLADE RUNNER). (Voxographie ici)

George Aminel : Sylvestre le chat, Darth Vador, Charlton Heston dans LA PLANETE DES SINGES

René Arrieu : Lee Marvin (POINT BLANK, DIRTY DOZEN) , Fernando Rey (FRENCH CONNECTION), Jason Robards (IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST, LES HOMMES DU PRÉSIDENT), le Dr Heywood dans 2001 L'ODYSEE DE L'ESPACE, Oliver Reed dans LES DIABLES, Terence Stamp dans SUPERMAN 2, Peter Graves dans Y A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ?

René Bériard : Le Dr Smith (Jonathan Harris) dans PERDUS DANS L'ESPACE, Alfred dans BATMAN

Jacques Thebault : Voix de Patrick McGoohan dans LE PRISONNIER, voix de Roy Scheider dans LES DENTS DE LA MER, voix de Steve McQueen dans BULLIT. (Voxographie ici).

Mel Hondo : La voix officielle de Eddie Murphy dans tous ses films.

Jacques Dynham : Voix de Jerry Lewis dans presque tous ses films.

Claude Bertrand : Voix de Eli Wallach dans LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND, voix de Roger Moore (LE SAINT, JAMES BOND et AMICALEMENT VOTRE)

Marc Cassot : Paul Newman dans la majorité de ses films.

Jean-Claude Michel : Voix de Sean Connery dans la majorité de ses films, Charlton Heston dans SOLEIL VERT, Clint Eastwood dans DIRTY HARRY.

Dominique Paturel : voix de David Vincent (Roy Thinnes) dans la serie LES ENVAHISSEURS, Leslie Nielsen dans Y A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ? Lee Majors dans L'HOMME DE SIX MILLIONS et surtout J.R. (Larry Hagman) dans la serie DALLAS.

Tuesday, January 26, 2010

L'AVATAR DE CAMERON N'EST PAS CELUI QU'ON CROIT



Je viens tout juste de voir AVATAR (version 3- D). Impressionnant visuellement, mais pour ce qui est du scénario, disons que si un avatar est la reproduction de ce qui existe déjà sous une autre forme, alors le film de Cameron en est lui-même tout un !

Je n'apprendrai rien à personne en disant que le scénario rappelle beaucoup DANCES WITH WOLVES (tellement de critiques l'ont déjà dit, et avec raison), mais le hic, c'est qu'il rappelle aussi des moments clés de films comme PLANET OF THE APES (scène ou Scully est capturé par un groupe de Na'vis à chevaux), STARSHIP TROOPERS (bassin d'eau où flotte l'avatar de Na'vi rappelant celui dans lequel on « réparait» Caspar Van Dien), mais surtout un épisode complet de la série culte THE OUTER LIMITS/AU-DELA DU REEL (l'épisode THE CHAMELEON - 1964) dont Cameron doit être un fan, puisque son film TERMINATOR s'inspirait lui aussi de deux épisodes de la célèbre série (SOLDIER et DEMON WITH A GLASS HAND), dont j'ai déjà parlé ici.

Ce qui est bien avec l'internet, c'est que grâce à Youtube, il est possible de vous montrer où il a piqué ses idées :(Mise à jour novembre 2010 : je viens de me rendre compte que MGM, qui détient les droits de la série OUTER LIMITS, en a retiré tous les extraits qui se trouvaient sur youtube !! Merde, tout mon article reposait la-dessus ... Mais rien ne vous empêche de louer l'épisode THE CHAMELEON pour constater ou Cameron a trouvé son inspiration pour AVATAR)

Dans THE CHAMELEON, Robert Duvall joue le rôle d'un agent américain qui doit infiltrer un groupe d'extra-terrestres. Pour ce faire, on le transforme en extra-terrestre (Tiens donc ! ;)

Details du processus de transformation a 2:10, puis transformation a partir de 7:00 :



Tout comme dans le film de Cameron, les extra-terrestres du CHAMELEON savent très bien que Duvall est un avatar et en viennent à sympathiser avec lui (a partir de 7:14) : "It's a good impersonation Earthman, but we know who you are, the way one of your dogs can tell a cat ..."



Dans AVATAR, le commandant sent que Scully est en train de changer de camp et il le sort de son sommeil pour lui rappeler quelle est sa véritable mission; dans THE CHAMELEON, l'agent du gouvernement constate la même chose et envoie un signal sonore à Duvall pour lui rappeler qu'il a une mission à accomplir (a 6:10):



Finalement, tout comme Jake Scully dans AVATAR, Duvall choisit de se rallier aux extra-terrestres et part avec eux (a partir de 1:00):



Sacré Cameron ! Il croit peut-être que personne ne se souvient d'une vieille série des années 60s ! L'ecrivain Harlan Ellison, lui, s'en est souvenu assez pour poursuivre Cameron (et gagner sa cause) afin d'obtenir la reconnaissance de la paternité des idées que Cameron avait piquées dans les deux épisodes de OUTER LIMITS qu'Ellison avait écrits (SOLDIER et DEMON WTH A GLASS HAND).

Dans l'épisode SOLDIER, deux soldats du futur sont transportés dans le passé (donc notre présent, dans ce cas-ci 1964). À 4:18, le soldat apparaît soudainement en pleine ville, comme Schwarznegger dans TERMINATOR :



Il fallait trouver une motivation pour le combat entre Kyle Reese (Michael Biehn) et le Terminator. Cameron la prendra dans l'épisode DEMON WITH A GLASS HAND. Elle sera la même que le personnage de Trent (Robert Culp), qui détient entre ses mains la survie de la race humaine et doit la protéger coûte que coûte. (Seule différence, dans GLASS HAND, Trent est un androide qui protège la race humaine, alors que dans TERMINATOR, l'androide (Arnold) veut l'exterminer (en tuant Sarah Connors).

Explications donnees par "LA MAIN DE VERRE" a 3:48 (Je vois que l'extrait n'y est plus, mais il y en a un autre ici Voir a 4:00)
:


* Il se peut que l'édifice du dernier extrait vous dise quelque chose : c'est le fameux Bradbury Building de Los Angeles, ou a été filmée, entre autres, la finale de BLADE RUNNER !

Thursday, January 21, 2010

LE CULTE DE JERRY LEWIS




Your films were just about a guy going nuts for two hours !
David Letterman (en entrevue avec Jerry Lewis
)


Les Français et les Américains sont célèbres pour leurs désaccords à propos de deux sujets importants : la pertinence de l’intervention armée en Irak … et le génie de Jerry Lewis !

On peut en effet se demander ce qui a amené les français à remettre la Légion d’honneur à Jerry Lewis EN 2006 (!!), quarante ans après qu’il ait réalisé ses films les plus mémorables (THE BELLBOY (1960), THE LADIES MAN (1961), THE ERRAND BOY (1961), THE NUTTY PROFESSOR (1963), THE PATSY (1964), THE FAMILY JEWELS (1965) et THE BIG MOUTH (1967) et à une époque où il n’était plus considéré aux États-Unis que comme un « has been » relégué à l’animation de téléthons.

Il faut toutefois admettre que les français avaient déjà salué le talent de Lewis bien avant 2006. Dans les années 60, les critiques des CAHIERS DU CINÉMA admiraient le fait que, à l’instar de cinéastes comme Hitchcock ou Welles, Lewis avait le contrôle total de tous les aspects de ses films (production, réalisation, scénario, interprétation), ce qui selon eux faisait de Lewis un véritable auteur (terme très prisé par LES CAHIERS à l’époque). D’accord avec eux sur ce point, mais peut-on vraiment parler de génie comique ??

Je dirais plutôt que Lewis a fait le lien entre l’époque révolue des comiques du muet (Chaplin, Keaton, Laurel et Hardy, qui ont bien sûr influencé Lewis, Lewis ayant admis recemment (sur un des bonus du DVD du NUTTY PROFESSOR) qu'il faisait lire certains de ses scenarios par nul autre que Stan Laurel !), et celle des comiques d’aujourd’hui, presque tous venus au monde grâce à leur association à l’émission SATURDAY NIGHT LIVE (qui a débuté en 1975, rappelons-le) : Chevy Chase (dont les mimiques et les films (la série des NATIONAL LAMPOON) rappellent beaucoup Lewis), Belushi, Myers, etc. et Eddie Murphy, qui ira même jusqu’à faire un re-make (passablement vulgaire !) du NUTTY PROFESSOR en 1996). Les gens qui n’étaient pas de ce monde avant l’arrivée en ondes de SATURDAY NIGHT LIVE ne le savent probablement pas, mais avant cette émission phare qui allait lancer la carrière de nombreux comédiens au cinéma, les seuls films comiques présentés à la télé (je parle de l’époque préhistorique où les magnétoscopes VHS n’existaient pas encore !) étaient ceux de Walt Disney ou de Jerry Lewis ! (La seule autre option à cette époque étant les films de Louis De Funès ou des Charlots ! Triste époque …)

Bref, pendant des années, Jerry Lewis a régné comme seul et unique “clown du cinéma” (le seul lui étant comparable étant Woody Allen qui, à ses débuts, écrivait et réalisait des comédies délirantes (TAKE THE MONEY AND RUN et BANANAS) bourrées de gags visuels rappelant Lewis. L'héritier de Lewis aujourd'hui serait bien sûr Jim Carrey (qui, à ses débuts (en 1983) dans une javascript:void(0);obscure série appelée BUFFALO BILL, interprétait un imitateur de Jerry Lewis !). Bien que certains des films de Lewis aient plutôt mal vieilli et souffrent souvent de scénarios décousus ou de longueurs (ex : THE BIG MOUTH), on retrouve dans chacun d’eux une ou deux séquences d’anthologie pouvant encore faire rire ou susciter l’admiration. En voici quelques-unes :

Le générique très jazzé et complètement démentiel de THE BIG MOUTH (JERRY LA GRANDE GUEULE). L’utilisation de la musique est ici poussée jusqu’à l’absurde : à la fin du générique (1:49), on croit que la musique va nécessairement s'arreter, mais elle continue de plus belle ! À 2:19, on se dit que ca y est, mais non : ça continue toujours ! Meme chose a 2:47 ! ;-)) Du jamais vu !




Avant de devenir lui-même réalisateur, Lewis avait joué dans des films réalisés par un certain Frank Tashlin qui avait fait carrière dans le monde des dessins animés pour la Warner Bros. Cette influence se fera sentir tout le long de la carrière de Lewis, entre autres dans des gags visuels ou Lewis prend soudainement des caracteristiques physiques très "cartoonesques" :

The Nutty professor (1963) :



The Big Mouth (1967) :



Deux séquences d’anthologie du chef-d’œuvre de Lewis (THE NUTTY PROFESSOR): La séquence de transformation (plutot troublante pour une comedie et accompagnee d'une excellente trame sonore). Puis, à 3:27 : Utilisation remarquable de la caméra subjective durant un plan séquence particulièrement audacieux pour l’époque :




Délire surréaliste dans THE BIG MOUTH : A chaque fois qu’ils aperçoivent Jerry (sosie d’un criminel qu’ils croyaient avoir assassiné), les truands tombent en état de choc !

Le premier (dans l'extrait du bateau, plus haut), puis le deuxieme ici :

(Buddy Lester) :




Et le troisième (Charlie Callas, doublé ici par le comédien français Michel Roux) :




Ma séquence favorite (Lewis et Buddy Lester dans THE LADIES MAN) : On se demande combien de fois ils ont dû reprendre la scène avant de pouffer de rire : (The Nutty Professor)



The Bellboy :