Tuesday, May 25, 2010

THE BRIDE OF FRANKENSTEIN (1935)


" I drink to a new world of Gods and Monsters !"
Dr Praetorius dans THE BRIDE OF FRANKENSTEIN

Le cinéaste américain James Whale est surtout connu pour ces films cultes que sont FRANKENSTEIN (1931), THE INVISIBLE MAN (1933) et THE BRIDE OF FRANKENSTEIN (1935), tous des classiques du cinéma fantastique (y compris le toujours introuvable THE OLD DARK HOUSE (1932)).

THE BRIDE OF FRANKENSTEIN demeure son oeuvre la plus achevée et bien qu’étant une espèce de “suite” à son FRANKENSTEIN réalisé quatre ans plus tôt, THE BRIDE OF FRANKENSTEIN est une oeuvre parfaitement autonome et en tous points supérieure au premier film de la série.

Quatre années séparent les deux oeuvres, et c’est peut-être ce qui en explique les différences. A cette époque des débuts du cinéma sonore, qui sait quels avancements technologiques ont pu, en l’espace de quatre années, permettre à Whale d’aller jusqu’au bout de sa vision dans THE BRIDE OF FRANKENSTEIN, mais reste que la différence entre les deux films est frappante : la mise en scène de FRANKENSTEIN est statique et théâtrale (peut-être en raison des contraintes techniques de l’époque ?), alors que celle de THE BRIDE est audacieuse, captivante et caractérisée par une surenchère expressionniste qui impressionne encore aujourd’hui. On n’a qu’a regarder les séquences de “création de monstre” des deux films pour s’en rendre compte : celle de FRANKENSTEIN (un long plan séquence nous montre la plateforme monter et descendre, a partir de 2:22) :




Et celle de THE BRIDE OF FRANKENSTEIN (a partir de 4:30) : délirante cacophonie sonore et visuelle appuyée par un montage nerveux et efficace.



Apres le succès du premier FRANKENSTEIN, Whale a obtenu carte blanche pour faire ce qu’il voulait dans THE BRIDE OF FRANKENSTEIN. Il en a profité pour injecter au film une bonne dose d’humour noir (ce qui faisait terriblement défaut au premier film) par le biais du personnage passablement excentrique du Docteur Praetorius, individu capable de prendre un copieux repas dans une crypte remplie de morts et d’ossements humains (voir ci-dessous, a partir de 6:43) :



Il se permet aussi cette séquence qui n’avance en rien le récit mais qui constitue un amusant intermède comique, alors que Praetorius montre à Henry Frankenstein où il en est lui-même rendu en matière de “création de la vie” (a partir de 1:00) :



Plus que jamais, Whale nous présente le monstre comme un martyr victime de l’ignorance des gens qui l’entourent. Dans la scène inoubliable qui suit (a partir de 6:00), le monstre trouve un peu de répit et de compassion auprès d’un vieil aveugle :



La femme de Frankenstein n’apparaît qu’à la toute fin du film. Le maquillage créé par Jack Pierce est génial et a fait de cette créature une icône du cinéma fantastique (malgré que ce n’ait été là que sa seule (et très brève) apparition à l’écran): l’actrice Elsa Lanchester, sous la direction de Whale, lui donne vie à coups de grognements, de mouvements saccadés de la tête, et de cris stridents qu’elle pousse lorsque le monstre lui touche la main (ci-dessous, a partir de 1:40) : rejet ultime d’un monstre face à un autre, qui mènera au geste final auto-destructeur et libérateur.



Jean-Marie Sabatier, critique de cinéma francais, décrit mieux que je ne saurais le faire l’impact de l’apparition à l’écran d’Elsa lanchester dans le rôle de la Femme de Frankenstein : “1935, c’est la naissance et la mort d’Elsa Lanchester : elle disparait, et elle n’est plus que la Femme de Frankenstein, l’espace d’une brève apparition, fulgurante, inoubliable, défiant l’abime des possibles, bravant le temps et la mémoire … et il suffit d’un cri pour la précipiter dans le Néant, pour la rendre à la nuit d’où elle a surgi …”

Tout cinéphile ayant apprécié l'oeuvre de James Whale visionnera avec plaisir l'excellent film GODS AND MONSTERS (1998) de Bill Condon, relatant les dernières années tourmentées de ce cinéaste exceptionnel (interprété par Ian McKellen).

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